Le cycle de reproduction des Cnidaires est caractérisé par une alternance entre deux phases : la phase polype, fixé au fond ou tout autre support, et la phase méduse, qui nage librement.
Chez les Scléractiniaires, la phase libre ne comprend pas de méduse et se limite à une larve, qui va se fixer pour se transformer en polype :
La ponte des coraux (reproduction sexuée) n’a été observée que très récemment en milieu naturel (1981). Certaines espèces émettent massivement et de façon synchronisée leurs cellules reproductrices : la mer se retrouve recouverte d’une couche granuleuse rosée.
Au bout de quelques dizaines d’heures, le développement des œufs fécondés conduit à de petites larves ciliées, les planulae.
Dérivant au gré des courants, elles partent à la conquête de nouveaux espaces.
Les rescapées de ce périple se laissent tomber sur le fond pour se fixer sur le substrat et donner un premier polype.
Si les conditions sont favorables, le polype se divise (reproduction asexuée) pour donner naissance à une nouvelle colonie corallienne.
1. Chez les Cnidaires
La larve typique, résultant du développement embryonnaire, conduit à une larve planula ciliée.
En se fixant sur le substrat, cette larve va se métamorphoser pour donner le premier polype.
Le polype peut ensuite se reproduire de manière asexuée (bourgeonnement) pour former une colonie ou rester solitaire.
A maturité, les polypes se métamorphosent en méduse.
Ce sont ces méduses qui portent les organes reproducteurs. Les gamètes (ovocytes et spermatozoïdes) sont alors libérés dans le milieu.
La fécondation est généralement externe et aboutit à la formation d’un œuf à l’origine de la larve.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cycle de vie théorique des Cnidaires (d’après Tree of Life Web Project)
Il existe cependant, selon les groupes, de nombreuses altérations de ce cycle notamment avec une importance relative des deux phases très variable.
Chez les Scyphozoaires par exemple, la phase méduse prédomine.
Chez les Anthozoaires par contre, la phase méduse est totalement absente et la phase polype perdure durant tout le cycle de vie.
2. Chez les Scléractiniaires
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cycle de vie théorique des Scléractiniaires
2.1. La formation des cellules reproductrices ou gamètes
Les gamètes se différencient à partir de cellules de l’endoderme qui migrent dans les cloisons de la cavité gastrovasculaire.
Environ 25 % des espèces de coraux sont dit gonochorique, c’est-à-dire que les sexes sont séparés.
Cependant, la grande majorité des Scléractiniaires (environ 75 %) sont hermaphrodites : un même polype produit, alors, à la fois des gamètes mâles et femelles.
2.2. La fécondation
La fécondation peut être interne (cas le moins fréquent). C’est coraux sont alors appelés "brooders".
Seuls les spermatozoïdes sont émis dans le milieu. Ils migrent vers la cavité gastrovasculaire d’un autre polype, attirés par des phéromones.
Après fécondation, l’œuf (le zygote) se développe et forme une larve ciliée, la planula, qui acquiert des zooxanthelles avant d’être libérée dans le milieu (Ex : Les Pocilloporidae).
La fécondation peut également être externe (représentant environ 75 % des espèces).
C’est coraux sont alors appelés "broadcasters". Les spermatozoïdes et les ovules sont libérés dans le milieu.
Les gamètes fusionnent alors pour former la planula. Les Acropora libèrent, par exemple, des agrégats d’ovules, appelé "bundles" enfermant une petite quantité de sperme.
Les Favites, émettent, quant à eux, successivement des jets d’ovules puis de sperme.
Chez les Fungiidae, les sexes sont séparés. Ils font partie de la catégorie plus exceptionnelle des Scléractiniaires dioïques (gonochoriques).
2.3. La ponte en masse
La ponte en masse des coraux est un évènement caractéristique et spectaculaire des récifs coralliens.
Ce n’est qu’en 1981, sur les récifs de la Grande Barrière d’Australie, que fut observée pour la première fois la ponte des coraux dans leur milieu.
La majorité des espèces de coraux se reproduisent sur un temps très court, quelques jours par an seulement et de manière synchrone.
La brièveté de cette ponte et son caractère nocturne sont certainement les raisons de cette longue ignorance.
A La Réunion, c’est en 1991 que le ponte des coraux a été observée pour la première fois.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ponte des Acropora (Photo F.Trentin)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Surface de l’eau après une ponte en masse (Photo F.Trentin)
Il peut y avoir plusieurs épisodes, plus ou moins massifs, de ponte par an.
Les scientifiques en sont encore au stade des hypothèses pour tenter d’évaluer l’influence des facteurs du milieu sur la synchronisation de ce phénomène : température de l’eau, phase de la lune, coefficients de marée, éléments chimiques.
Par ailleurs, les facteurs trophiques contrôlent également la reproduction.
Les épisodes de blanchissement et le stress des colonies, par le détournement énergétique qu’elles occasionneraient, seraient responsables d’une diminution de la capacité reproductive des coraux.
2.4. La phase larvaire et planctonique
Les larves ciliées planulae sont typiquement rosées et de formes elliptiques.
Elles assurent la dissémination des espèces et la conquête de nouveaux milieux.
Elles voyagent dans le plancton pendant quelques jours avant de tomber sur le fond pour se fixer en s’étalant sur un substrat dur.
Des millions de gamètes du départ, très peu de larves arriveront à ce stade.
Une fois la larve fixée, elle se métamorphose pour donner un polype qui élabore tout d’abord un plancher calcifié puis la muraille de sa première loge.
C’est ensuite la reproduction asexuée qui va assurer l’extension de la colonie.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Polypes de Porites (porites) sp.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Larve planula
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Planula
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Après s’être fixée, la planula donne un nouveau polype
2.5. Reproduction asexuée (végétative)
La multiplication asexuée des polypes permet la croissance de la colonie en produisant des individus génétiquement identiques.
Cette multiplication peut se faire soit par gemmation (bourgeonnement latéral du polype) soit par division (division axiale démarrant au niveau de la bouche et progressant vers le bas). Ces différents modes de reproduction asexuée sont à l’origine des différentes formes de colonies.
Dans les conditions favorables, la croissance verticale des coraux peut atteindre une douzaine de centimètres par an pour certains genres comme Acropora.
A l’inverse, elle se limite au centimètres pour certaines formes massives comme celle appartenant au genre Porites.
Une autre voie de multiplication asexuée est la fragmentation. Un fragment arraché de la colonie peut survivre, continuer sa croissance et former une nouvelle colonie.
Sources :
- Alain Ferry, Florence Trentin (Vie Océane),
- Les Coraux, B.Robin C. Petron, et C. Rives - Editions du Pacifique 1997,
- Ecologie des récifs coralliens Sonia Ribes,
- Sensibilisation à l’environnement tropicale R. Troadec,
- Schumhacher 1977,
- Encyclopedia universalis Cnidaires,
- Veron, JEN (2000). Corals of the World. Vol 3, 3rd, Australia : Australian Institute of Marine Sciences and CRR Qld Pty Ltd. ISBN 0-86542-834-4,
- Wikipedia