[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Caroline LepageLes larves de poissons coralliens ont beau être transportées loin du lieu qui les a vues naître, les petits finissent toujours par retrouver leur bien-aimé morceau de récif.
Ah, qu'on est bien chez soi ! N'est-ce pas Némo ? Les biologistes l'avaient déjà remarqué par le passé, les petits poissons coralliens n'aiment guère le déménagement. Pour eux, il est difficile de se passer de la douce
ambiance qui règne sur le modeste carré de récif occupé par leurs parents.
Soit, mais comment le prouver scientifiquement ? Une équipe de chercheurs dirigée par Glenn Almany a trouvé la solution décrite dans la revue
Science. L'expérience a été réalisée dans le Pacifique, au coeur des eaux de Papouasie-Nouvelle-Guinée en baie de Kimbe.
L'idée ? Se concentrer sur deux espèces, un poisson-clown
(Amphiprion percula) et un poisson-papillon
(Chaetodon vagabundus), aux moeurs reproductives légèrement différentes.
Ainsi, chez le poisson-clown à trois bandes, réplique exacte du célèbre petit Némo, les oeufs fécondés patientent quelques jours à l'abri dans un nid sous le regard bienveillant des parents.
Une fois ces oeufs éclos, les bébés sont transportés plus au large et rentreront à la « maison » une dizaine de jours plus tard.
Chez le poisson-papillon vagabond, père et mère se montrent moins attentionnés : chacun libère sa semence et les œufs effectivement fécondés se retrouvent seuls, portés par les courants en pleine eau. Les petits auront largement le temps d'y grandir puisqu'ils mettront plus d'un mois à retrouver le chemin du bercail.
Comment les biologistes sont arrivésà la conclusion que 60% des poissons tropicaux reviennent sur leur récif d'origine ?
Sur une zone de 300 m², ils ont injecté un isotope du baryum à de futures mamans des deux espèces (176 poissons-clowns et 123 poissons-papillons), lequel est passé dans les oeufs puis resté détectable chez les petits au niveau de leurs otolithes (oreilles internes).
Il leur a suffit, deux mois plus tard, d'examiner les jeunes de ce même récif pour constater que la plupart d'entre eux étaient marqués. Cette découverte pourrait avoir d'importantes répercussions sur la façon dont nous gérons les réserves marines en milieu corallien. Reste malgré tout une question en suspens : comment font tous ces petits poissons pour retrouver leur chemin ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Photographie: Caroline Lepage.